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An 61: les acteurs culturels délaissés bien avant le Covid-19

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Alors que l’arrivée du covid-19 aura eu le mérite de mettre en lumière les nombreux maux qui gangrènent le secteur culturel, il faut dire que la condition de l’artiste au Gabon vivote depuis des décennies. Entre absence d’une réelle industrie culturelle, difficulté de la mise en application des droits d’auteur, une loi portant statut de l’artiste toujours en débat au Parlement, quel bilan pour le secteur culturel 61 ans après l’indépendance du pays? 

l’Etat n’a jamais cessé de définir la Culture comme le socle du développement d’une Nation, « ce que sa population a en partage », « ce qui nous reste lorsque nous n’avons plus rien ». Mais entre les discours et les actes concrets, le fossé demeure bien trop grand, le constat pourrait être amère. Le secteur culturel se porte mal. L’absence d’une réelle politique culturelle fait défaut, ses acteurs ne parviennent toujours pas à profiter du fruit de leur art. 

La loi sur les droits d’auteur au Gabon 

En effet, il aura fallu attendre le 29 juillet 1989 pour voir le Gabon se doter d’une loi sur les droits d’auteur et les droits voisins, encadrant le domaine culturel et artistique. 34 ans plus tard, la mise en application de cette loi « fait encore couler beaucoup d’encre et de salive », comme l’a expliqué le ministre de la Culture et des Arts, Michel Menga M’Essone, sur le plateau de l’émission Face à Vous mercredi 11 août dernier. 

À entendre le membre du gouvernement, on comprend alors que l’Etat ne parvient pas à collecter les redevances des artistes auprès des opérateurs économiques qui exploitent leurs œuvres, afin de les redistribuer par la suite aux ayants droit. Un état de fait qui démontre à suffisance que la traversée du désert des artistes n’est pas prête de connaître son épilogue. 

Un agenda culturel vide 

Mais ce n’est pas tout. D’un point de vue structurel, en 61 ans d’indépendance, le Gabon n’est toujours pas doté d’une véritable salle de spectacle ni des salles de cinéma pour accueillir des événements propres au domaine. En parlant d’événements, l’agenda culturel du pays lui aussi demeure quasiment vide. On peut d’ailleurs s’étonner de l’absence totale de communication de la part du ministère de la Culture et des Arts autour de l’édition 2021 du Festival Gabon 9 provinces, alors même qu’il est défini comme étant le « plus grand événement culturel du pays ». 

Du côté de la corporation artistique, on ne peut pas dire que les initiatives tarissent, même si le ministre de la Culture Michel Menga M’Essone estime que ces derniers évoluent « dans l’informel ». Malgré la volonté des acteurs (toutes disciplines confondues) d’exposer aux yeux du monde la diversité culturelle du Gabon, via notamment les réseaux sociaux, le secteur de la Culture et des Arts continue d’être marginalisé. Comme nombreux l’ont d’ailleurs fustigé, le secteur continue d’être « le parent pauvre du gouvernement ». 

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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