A quelques heures du match d’ouverture de la CAN-2017, des voix s’élèvent pour boycotter la compétition en raison de la crise politique, économique et sociale, d’autres soutiennent cette organisation prétextant que le sport et la politique ne sont nullement liés. Une erreur d’appréciation pour notre part.
La CAN-2017 qui s’ouvre ce samedi entrera certainement dans l’histoire de la CAF comme étant la CAN qui aura connu plus de contestations au sein du pays organisateur. Si certains appellent au boycott, d’autres estiment qu’il faut la jouer car sport et politique ne sont nullement liés. Une erreur d’appréciation pour notre part.
Pour rappel, la politique se définit, étymologiquement, comme la gestion de la cité. Si l’on s’accorde pour dire que c’est dans la cité que se pratique le sport, on pourrait présenter la politique, par extension, comme la gestion du sport. Cela me paraît vrai au Gabon, en Chine, aux USA comme en Ouzbékistan. Le développement et l’organisation du sport dans un pays comme le Gabon dépend majoritairement du politique. C’est le politique qui assume sa déclinaison et son financement.
Pour preuve, c’est Ali Bongo Ondimba, en tant que président de la République, qui avait décidé de la professionnalisation du championnat gabonais et c’est d’ailleurs le budget de l’Etat qui constitue la principale source de financement pour les clubs de première division. A travers cette décision, Ali Bongo avait pesé de tout son poids pour mettre la politique au service du sport.
En 2010, lorsque l’Afrique du Sud avait organisé la coupe du monde de football, l’image politique du président Mandela avait été largement exploitée pour défendre la candidature sud-africaine. Et si les Bafana-Bafana avaient décroché cette organisation, le mérite reviendrait en grande partie au défunt président de l’ANC.
Pourquoi vouloir séparer ce qui est intimement lié ?
Une fois de plus, à travers cet exemple, on voit bien que la politique a été mise au service du sport.
De même, en 2011, après la crise politique ivoirienne, lorsqu’il était question de mettre en place une commission vérité et réconciliation pour ramener la paix au pays des éléphants, l’icône sportive Didier Drogba avait été sollicitée pour présider cette commission. C’est donc un sportif qui avait la responsabilité de trouver des solutions face à une crise politique.
On le voit bien, le sport et la politique se côtoient. Tantôt c’est le sport qui est au service de la politique, tantôt c’est la politique qui est au service du sport.
D’ailleurs, même les organisations internationales comme les Nations-Unies utilisent le sport notamment le football lorsque la politique a échoué. C’est tout le sens du tournoi de la paix organisé par le Bureau régional des Nations-Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) à l’occasion de la journée internationale de la paix, célébrée le mois de septembre de chaque année.
La particularité gabonaise est que la relation sport-politique n’a pas toujours produit les résultats escomptés. Ce couple enfante que des bébés indésirables au point que certains pensent qu’il s’agit d’une relation incestueuse.
Tenez par exemple, le championnat de football de première division traverse de graves crises depuis que le politique a décidé de sa professionnalisation. L’Association des footballeurs professionnels, dirigée par Remy Ebanega, en sait mieux que moi.
De même, la Can qui devrait fédérer, rassembler les gabonais constitue aujourd’hui un motif de division, de séparation et surtout de vives tensions.
Il s’agit là de ce que certains désignent par la « Gabonite » ou « Gabonitude »
Jerry Bibang, journaliste indépendant