C’est clairement ce que laisse apparaître la récente modification constitutionnelle intervenue au terme du conseil des ministres du vendredi 18 décembre dernier. Dans le changement de l’article 13 relative à la Vacance du pouvoir, le triumvirat pour assurer l’intérim est composé du président de l’Assemblée nationale, président du Sénat et du ministre de la Défense. Une fonction qui fait du dernier cité, le supérieur hiérarchique du Premier ministre, chef du gouvernement. en lui conférant une fonction institutionnelle.
L’exécutif souhaite éviter à la Nation de s’exposer à l’éventualité d’une interruption de la continuité de l’Etat notamment par l’indisponibilité temporaire du Président de la République. C’est la raison pour laquelle au terme du conseil des ministres, le pouvoir gabonais a comblé le vide juridique lié à certains évènements majeurs qui ont impacté le fonctionnement régulier des Institutions et des pouvoirs publics.
Dans leurs velléités protectionnistes et préventives, Ali Bongo Ondimba and cie ont décidé que désormais « en cas de vacance de la présidence de la République ou d’empêchement définitif du titulaire du poste, l’intérim sera désormais assuré par un collège composé du Président du Sénat, du Président de l’Assemblée Nationale et du Ministre de la Défense Nationale », a-t-on pu lire. Une formule qu’ils ont maintenue dans le cas où l’empêchement de celui qui préside aux destinées du pays est juste temporaire.
Mais quid du rôle de chacun d’eux et de la pertinence de l’exécutif du trio choisi ? Primo, l’article 13 ne spécifie pas le rôle de chacune des personnalités et surtout leurs responsabilités. Il est connu de notoriété publique que la président de l’Assemblée Nationale est un élu du peuple, il en est de même pour le président du Sénat. Mais, est-ce cohérent qu’un ministre de la Défense soit nommé par le président qui de surcroît n’est plus en fonction puisque cela est la cause de l’intérim, fasse partie des personnalités qui vont assurer l’intérim ? N’est ce pas une façon de jeter du discrédit sur la sincérité et la la transparence de la transition ?
Mieux, un ministre élevé au rang de président intérimaire au même titre que les Présidents des institutions que sont le Sénat et l’Assemblée Nationale. Sachant que les 3 présidents intérimaires conduiront la politique du pays. C’est le postulat. Mais, quelle est la position protocolaire du Premier ministre face à son ministre de la Défense Président intérimaire ? A quel mode de gouvernance démocratique correspond celui ou le ministre de la défense est à la fois Président de la République ? Le ministre de la défense siègera-t-il en conseil des interministériel en qualité de président intérimaire ou de ministre de la défense ?
Autant d’interrogations toutes légitimes les une que les autres qui relèvent indubitablement le caractère abracadabrantesque de ce projet de révision de la Loi fondamentale qui est imbibé et c’est peu de le dire, de plusieurs incohésions, contre-sens irrationalités.