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Ngoyo Moussavou: «triste et tellement inattendu»

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Casimir Oye Mba, l’un de nos plus grands esprits, que chaque famille aurait rêvé avoir comme gendre, n’est plus. Celui que les Gabonais avaient affectueusement surnommé « Cam-la-classe », est décédé le 16 septembre 2021, à l’hôpital Paris Saint-Joseph (France), de causes rendues officielles depuis. Une mort triste et tellement inattendue. 

Personne n’oubliera le rôle  essentiel qu’il a joué comme Premier ministre, au sortir de  la Conférence nationale qui avait jeté les bases du multipartisme intégral au Gabon. Et aussi  comme ministre dans différents départements, dont celui des Affaires étrangères, sous le  magistère de feu Omar Bongo Ondimba, le tout à la suite d’une carrière prestigieuse de plusieurs années, en qualité de gouverneur  de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) à  Yaoundé au Cameroun. Les échanges avec Casimir Oye Mba étaient intellectuellement stimulants et dynamisants.

Quand il fut nommé Premier ministre, j’officiais comme directeur de la Rédaction du journal l’Union. Malgré quelques « accrochages » inévitables, nos rapports furent courtois et ils le sont restés jusqu’au moment où il a décidé de tirer sa révérence. Les quelques rares fois où nous eûmes à partager une conversation resteront gravées  dans mon cœur. Notre dernière véritable rencontre eut lieu à l’ambassade du Gabon à Paris. J’avais la charge de la chancellerie. On m’avait signalé sa présence et je m’étais empressé de le convier à venir patienter dans mon bureau, en attendant que les services du  protocole terminent d’apprêter la note verbale qu’il sollicitait pour une demande de visa pour le Canada.  

Pendant plus d’une heure d’horloge, j’eus le privilège d’évoquer avec lui plusieurs sujets d’actualité : l’évolution de la démocratie gabonaise qui l’étonnait par certains aspects, mais aussi de la musique (rumba zaïro-congolaise singulièrement  pour des raisons évidentes), sans oublier ses « cigares vissés aux  lèvres », sujet de mes taquineries éditoriales dans une autre vie.

Il me rappela la boîte de cigares que je lui avais ramenée de La Havane, de retour d’un voyage à Cuba, une visite d’État de feu le président Omar Bongo Ondimba à l’invitation de Fidel Castro, à laquelle j’avais été associé. Cam-la-classe aimait la vie. Et puis il y a ce rire goguenard  qu’il affectionnait, pour adoucir  quelques récriminations quand, du temps où j’étais journaliste  actif, je n’avais pas été d’accord avec lui. 

Profondément  républicain, respectueux, engagé,  il a servi l’État et le Gabon, comme peu d’autres, avec dignité et un incroyable dévouement. Oui, Casimir Oye Mba avait la classe. C’était un adversaire honorable politiquement et intellectuellement, qui avait compris que la politique gabonaise se fait au Gabon et non dans les chancelleries internationales. Il laisse un héritage qui aidera les Gabonais à bâtir une vie meilleure.  

Que la terre lui soit douce et qu’il  repose en paix à tout jamais, chez lui à Nzamaligue.

Ngoyo Moussavou 

Journaliste en chef. 

Gabon Media Time

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