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Naufrage de l’Esther Miracle: le Gabon dispose-t-il d’une entité technique pour déterminer les causes réelles du drame?

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Si au lendemain du naufrage du navire Esther Miracle exploité par la compagnie Royal Cost Marine, le gouvernement avait annoncé le déclenchement d’une enquête administrative afin de déterminer les responsabilités des uns et des autres dans ce drame, ses conclusions pourraient souffrir d’un léger handicap. Et pour cause, l’inexistence d’une entité chargée de conduire une enquête technique rigoureuse pourrait rendre difficile la détermination des défaillances ayant abouti au naufrage du bâtiment.

En effet, le drame survenu dans la nuit du 08 au 09 mars dernier et dont le bilan provisoire fait état de 124 rescapés, 21 décès et 16 personnes portées disparues aura eu le mérite de révéler au grand jour les carences qui existent dans le secteur. C’est notamment le cas en matière de gestion de catastrophe maritime où le pays ne disposerait pas de moyens techniques pour mener à bien une enquête en cas d’accident. 

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Si depuis 1976, le Gabon est membre associé de l’Organisation maritime internationale (OMI), institution spécialisée des Nations Unies chargée d’établir des normes pour la sécurité, la sûreté et la performance environnementale des transports maritimes internationaux, le pays semble rencontrer des difficultés à appliquer de manière stricte les recommandations de cet organe. C’est notamment le cas de la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS) qui liste de manière exhaustive les normes minimales pour l’exploitation des navires, compatibles avec leur sécurité.

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Autre instrument que l’Etat gabonais semble peiner à mettre en œuvre les recommandations du Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (ISPS), lequel est un instrument obligatoire pour les États Parties à la Convention. Le but du Code ISPS est de s’assurer que les navires de haute mer et les installations portuaires applicables des États Membres de l’OMI mettent en œuvre les normes les plus strictes possibles en matière de sûreté. 

Il faut souligner qu’avec la survenance du naufrage de l’Esther Miracle, les carences observées en matière de sûreté dans le domaine maritime sont désormais mises en lumière. Outre le non-respect des normes en matière d’exploitation, perceptible par le caractère vétuste du navire qui laisse croire à du laxisme ou des compromissions lors des inspections effectuées par la Direction de la Marine marchande, on peut également relever l’inexistence d’un organe habilité à mener de manière efficiente une enquête technique réelle. De quoi susciter des questionnements sur les conclusions de ces enquêtes ouvertes tous azimuts qui pourraient se borner simplement à une collecte de preuves d’une supposée corruption ou concussion des agents de la Marine marchande.

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Ainsi, on serait en droit de se questionner sur la nécessité de mettre en place un organe en charge des enquêtes dans ce secteur. D’ailleurs, selon un expert de l’aviation civile interrogé par Gabon Media Time, le secteur maritime devrait se doter d’une entité en charge de mener les enquêtes en cas d’incident. Une entité qui pourrait prendre la forme du Bureau d’enquêtes sur les événements de mer (BEA MER) comme c’est le cas en France et dont les enquêtes techniques consistent à « collecter et analyser les informations utiles, à déterminer les circonstances et les causes possibles et s’il y a lieu, à établir des recommandations permettant d’améliorer la sécurité maritime ».

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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