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Magistrature: le nouveau DG va-t-il rompre avec le tripatouillage ?

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Nommé à la tête de l’École nationale de la magistrature (ENM) en Conseil des ministres en début de mois, Pierre Ndong Aboghé a officiellement pris ses fonctions depuis 5 jours. Le nouveau Directeur général de cet établissement est attendu sur plusieurs chantiers en l’occurrence la fin au tripatouillage des résultats du concours d’entrée.

Déroulé en novembre 2021, le Concours d’entrée à l’École nationale de la magistrature devant permettre d’obtenir 170 magistrats et greffiers s’est très vite transformémer en foire de la corruption avec l’ajout injustifié et besogneux de 75 nouveaux admis aux listes portant rendues publiques auux lendemainns des épreuves. Une situation ubuesque dénoncée par les acteurs de la société et des candidats déclarés « ajournés » dans cet amas de tripatouillage.

C’est assurément le terme qui sied le mieux pour décrire cette cacophonie semble-t-il entretenue par Erlyne Antonella Ndembet Damas et Jean Désiré Ossaga Madjoue, Ministre de la Justice et Directeur général de l’ENM, qui ont cautionné l’abjection en se référant dans un profond mutisme. Ne dit-on pas que devant l’injustice, qui ne dit mot consent ? Le duo chargé de l’organisation aurait selon certains candidats « priorisé l’encaissement des 20.000 FCFA plutôt que veiller à la fraude ».

Un ras-le-bol qui s’explique, tant les 132 380 000 générés par l’inscription des 6619 candidats ne semblent pas avoir contenté les organisateurs qui auraient selon certains indiscrétions sourcées laissé primer « leurs cas » sur la performance des candidats. Résultat, des admis avec 7/20 de moyenne poursuivent actuellement leur formation au sein de l’élite de la magistrature. Sapristi ! Une situation que le corps des magistrats espèrerent voir appartenir au passé avec la nomination de Pierre Ndong Aboghé.

En effet, porté à la tête de cet établissement formant les magistrats dans notre pays, le nouvel homme fort de cette école incarne l’espoir de ses pairs exaspérés par le ternissement de leur image par une classe de collègues « tournés vers la corruption. Sans bonne moralité et attachement aux vertus facilement certains cèdent », avait fustigé Germain Nguema Ella. Le président du Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) ne semblait pas si bien dire.

Car, entre scandales sexuels et implications dans la distorsion du droit pour des intérêts d’un bord politique et ce, au mépris de la déontologie du corps judiciaire, les magistrats incarnent de plus en plus l’injustice et la fausseté. Une image qui cadre mal avec leur fonction initiale et leur rôle dans l’administration de la justice au nom du peuple gabonais. Seulement, l’épisode Ayiquise Blèra Ibinga épouse Nyare Bilong a davantage jeté l’opprobre sur les hommes de loi.

Faut-il rappeler que la substitut du procureur près le Tribunal de première instance de Franceville s’est permise de berner l’opinion nationale et internationale en donnant lecture d’un contenu « imaginaire » en lieu et place de la substance de l’article 53 du règlement n°02/18/CEMAC/UMAC/CM du 21 décembre 2018 portant réglementation de change dans la zone CEMAC. 

Un manque effarant de probité morale qui suscite l’inconsidération des justiciables qui craignent dorénavant d’être jugés par des individus prêts à tout pour asseoir leurs actions en justice quitte à manipuler les textes à sa guise. Il va sans dire que Pierre Ndong Aboghé devra tenter de redresser la barque clairement mal embarquée. Et cela passe nécessairement par la demande d’explication de la hiérarchie à la magistrate dont il devrait faire le plaidoyer. 

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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