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Gabon: une note souveraine relevée par Fitch ratings et de nombreuses inquiétudes

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En annonçant ce mardi 24 août 2021 le rehaussement de la note souveraine de crédit du Gabon, l’agence de notation américaine Fitch ratings n’a pas manqué d’interpeller les autorités sur les nombreux dangers qui planent autour de notre sphère économique. Parmi eux, les besoins de financement totaux du Gabon qui devraient s’élever à 14% du PIB en 2021 et 7% en 2022, la contraction de la production pétrolière de l’ordre de 14% qui devrait inéluctablement entraîner une baisse des recettes et une contraction du PIB de l’ordre de 0,3% en 2021. Autant de données qui nécessitent dès à présent des ajustements budgétaires conséquents.

Un an et demi après avoir émis des réserves sur la capacité du pays à répondre à ses engagements en soulignant notamment un « risque de crédit substantiel », l’agence de notation américaine Fitch ratings a revu son jugement. En se basant principalement sur « le récent assouplissement des pressions sur les liquidités en raison de la hausse des prix du pétrole et d’un nouveau programme du FMI », la société américaine a donc fait passer la note de crédit souveraine de CCC à B- avec « perspectives stables ». Néanmoins, cette « stabilité » dépend à court et moyen termes, de nombreux ajustements en tête desquels « une amélioration continue de la gestion des finances publiques ».

En effet, si l’on tient compte des besoins de financement totaux du Gabon qui devraient s’élever à 14% du PIB en 2021, de la contraction de la production pétrolière de l’ordre de 14% qui devrait inéluctablement entraîner une baisse des recettes et une contraction du PIB de l’ordre de 0,3%, cette « perspective stable » qui ne tient en réalité qu’à la conclusion de l’accord avec le FMI et la hausse observée du prix du baril, ne pourrait tenir qu’en cas d’amélioration de la gouvernance. Toute chose induisant des réformes visant à « une réduction soutenue du déficit budgétaire ». Un déficit qui devrait d’ailleurs s’élargir à 3,3% du PIB en 2021 contre 2,5% en 2020. 

Outre ces réformes qui, en plus d’être nécessaires, sont indispensables à notre survie, l’exécutif devra également favoriser une amélioration de l’environnement des affaires afin d’attirer de nouveaux IDE et éviter de se retrouver dans une situation similaire à celle de l’an dernier, où « le pays n’a pas pu obtenir plusieurs prêts d’appui budgétaire attendus (…) ce qui a mis en évidence des faiblesses dans la gestion des finances publiques et limité la flexibilité de financement souverain ». Autant d’éléments qui amènent donc à la prudence dans les réjouissances liées à ce relèvement de la note souveraine du pays.

Par ailleurs, avec « environ 37% du fardeau total de la dette publique du Gabon (7000 milliards de FCFA) qui est à des conditions concessionnelles, en dessous de la médiane de la catégorie « B » de 2019 de 69%, reflétant le statut de revenu moyen-supérieur du pays » comme l’a souligné l’agence de notation américaine, sous-entendant que l’exécutif vit au-dessus de ses capacités financières, il faudra impérativement trouver les mécanismes sous-jacents visant à infléchir la courbe de la dette. Au risque de devoir emprunter pour rembourser de manière tous azimuts à l’image de l’eurobond à échéance 2022-2024 qui devrait en entraîner un nouveau, l’exécutif doit donc se concentrer dès à présent sur des mesures vigoureuses.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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