C’est à la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée ce lundi 14 décembre 2020 sur l’arrestation arbitraire de son client Nicolas Nguema que Maître Anges Kevin Nzigou a révélé être sous les radars des agents de la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (DGCISM) encore appelée « B2 ». En effet, l’avocat au barreau du Gabon a annoncé qu’une correspondance du colonel Raymond Serge Makaga Magugadu et du procureur André Patrick Roponat exigerait qu’il soit entendu sur ladite affaire.
Si cette rencontre avec la presse nationale et internationale avait pour objet l’arrestation du président du parti d’opposition Pour le Changement (PLC) Nicolas Nguema, son avocat, tout en dénonçant le caractère arbitraire de sa détention, qui a largement excédé les délais légaux, a révélé que lui aussi serait menacé d’arrestation. Une interpellation qui rentrerait dans le cadre de l’enquête diligentée contre son client et dans laquelle il serait impliqué
« Nous étions officiellement informés d’une correspondance du colonel du B2 et du Procureur de la République rendant chacun compte d’une enquête ouverte contre Monsieur Nguema et son avocat Anges Kevin Nzigou », a-t-il indiqué. Selon le concerné, il lui serait demandé de livrer des informations aux policiers dans une présumée vente de navire saisie appartenant au groupe Santullo.
Si le conseil de Nicolas Nguema s’est attelé à démontrer le caractère licite de cette vente dont son client avait bien eu mandat de Karen Santullo, il s’est est tout aussi interrogé sur l’opportunité des poursuites à son encontre. « Comment, dans un État dit de droit, peut-on imaginer, qu’on entende, voire qu’on garde à vue, un avocat dans le cadre de l’exercice de ses fonctions, alors que ce dernier est lié par le secret professionnel ? Et que l’article 69 de la loi sur l’exercice de la profession d’avocat indique que le secret professionnel de l’avocat a un caractère absolu ? », s’est questionné Me Anges Kevin Nzigou.
Rappelant au passage les dispositions contenues à l’article 71 de la loi sur l’exercice de la profession d’avocat qui présente le cadre procédural applicable en la matière. « Toute poursuite judiciaire contre l’avocat suspecté d’une infraction doit faire l’objet d’une information confiée au premier juge d’instruction du ressort », est-il énoncé. Alors comment comprendre la volonté d’André Patrick Roponat de laisser entendre un avocat par des Officiers de police judiciaire ordinaires?
Pour sa part, le barreau du Gabon a d’ores et déjà interpellé les plus hautes autorités de la justice sur le danger qui guette un des leurs . « À tout moment Anges peut être arrêté. Protégez cet avocat, protégez notre profession », a martelé Maître Jean Paul Moubembe.