Le harcèlement judiciaire dont est victime l’hebdomadaire Echos du Nord depuis plusieurs semaines, n’a pas laissé insensible l’Organisation patronale des médias (Opam) qui, dans un communiqué rendu public ce lundi 27 juillet 2020, a tenu à s’insurger contre ce qui apparaît comme une tentative de bâillonnement de la presse. Des tracasseries perceptibles avec la convocation pour ce mardi 28 juillet du Directeur de la publication du journal Désiré Ename.
Cet harcelement serait selon l’OPAM orchestré par la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire, communément appelée B2, via la direction des investigations judiciaires au mépris des dispositions du nouveau Code de la communication en République Gabonaise qui consacre la dépénalisation du délit de presse. « En termes simples, le délit de presse ne relève plus du pénal, mais du civil », a relevé le communiqué de l’Opam signé de son président Guy Pierre Biteghe.
Dans la foulée, cette organisation n’a pas manqué de marquer son étonnement sur le mélange de genres dans cette affaire avec l’immixtion d’un service de renseignement de l’armée mais surtout de la convocation d’un patron de presse « en pleine pandémie du Coronavirus (…) sans même lui préciser au préalable, la raison de sa convocation ainsi que le nom et l’adresse du plaignant ».
Un fait pour le moins curieux lorsqu’on sait qu’en matière de délit de presse, la personne qui se sentirait diffamée ou dont l’honneur aurait été atteint ne dispose que d’une seule action de justice en l’occurrence la saisine du juge civil pour solliciter des dommages et intérêts en vertu de l’article 13 82 du Code civil ancien qui dispose que « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».
Face à ce qui s’apparente à une énième tentative de mise à sac de la liberté de la presse au Gabon, l’Opam a tenu à interpeller la Haute autorité de la communication (HAC), les ministres de la Communication et de la Justice, Edgard Anicet Mboumbou Miyakou et Erlyne Antonella Ndembet « afin qu’ils instruisent les autorités juridiques et judiciaires sur les dispositions légales qui abrogent le délit de presse au Gabon ». « Prend à témoin la communauté nationale et internationale des conséquences que peut engendrer une telle dérive qui n’honore personne », a martelé l’Opam.