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Gabon: les paris sportifs, nouvelle lubie d’une jeunesse abonnée au chômage

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La volonté du gouvernement à travers le ministère de l’Intérieur de créer une commission des jeux de divertissement, d’argent et de hasard, a mis en lumière un phénomène qui depuis une décénie s’est dévéloppé à une vitesse folle : les paris sportifs. En ligne ou en physique dans des kiosques, ces paris présentés comme une version améliorée des « paris turfistes » qui ont fait des ravages entre les années 90 et 2000, font aujourd’hui partis du quotidien d’une jeunesse qui peine à entrevoir le bout du tunnel, puisqu’au chômage à plus de 40%.

Le phénomène prend de plus d’ampleur notamment dans les quartiers populaires, où il est devenu courant de voir des kiosques d’opérateurs de paris sportifs bondés de jeunes Gabonais. Il faut dire que pour ces derniers, la perspective (miroitée) de gagner des sommes colossales en ces temps de vaches maigres, en misant « seulement » 500 F CFA sur quelques matchs de football, de basket-ball et autres, apparaît comme une motivation quotidienne. Surtout que les offres d’emplois se font rares et face aux difficultés financières, ce jeu de hasard apparaît comme le seul rempart. 

En effet, à l’heure où le pays vit des heures sombres avec une « crise » conjoncturelle exacerbée par la pandémie de Covid-19, la jeunesse gabonaise, désabusée par le fait de n’entrevoir aucune porte de sortie, semble s’être résolue à « miser » sa vie et son avenir sur un simple ticket de paris sportif. Développant par la suite des comportements addictifs et une accoutumance à ces jeux d’argent encouragés par des campagnes ciblées urbaines ou virtuelles, ces jeunes sont aujourd’hui devenus « accros » dépensant jusqu’à 5000 F CFA par jour, avec l’espoire de toucher le jackpot.

Consciente, semble-t-il, de l’ampleur de ce phénomène, le gouvernement à travers le ministère de l’Intérieur a d’ailleurs récemment, entériné la création d’une commission des jeux de divertissement, d’argent et de hasard en Conseil des ministres, pour le freiner et surtout « prévenir le jeu excessif ou pathologique ». Tardive néanmoins, cette initiative semble toutefois s’inscrire dans une volonté des pouvoirs publics de capter une partie de la manne financière et des cash flows, générés par cette activité qui gagne du terrain de jour en jour.

La jeunesse Gabonaise, abandonnés à elle-même, comme en témoigne le taux élevé de chômage dans cette frange de la société qui se situe au-dessus des 40%, est désabusée, blasée, désenchantée et ne semble pour l’heure trouver salut et réconfort qu’en ces jeux de hasard et d’argent. Jusqu’à quand? Nul ne peut le dire. Néanmoins, cette question est intimement liée à l’absence de conditions réelles d’accès au monde du travail. Et ce ne sont pas les publi-rédactionnels vidéos et audios sur le PAT qui y changeront quelque chose. 

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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