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Gabon: la «redevance passager» servira au financement de la seconde voie d’accès à la commune d’Akanda

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Annoncée fin avril à la surprise quasi-générale par le gouvernement, la « redevance passager », « collectée par les compagnies aériennes et les sociétés émettrices des billets de transport par voie aérienne délivrés aux passagers des vols à destination ou en partance du Gabon », devrait selon l’exécutif, servir au financement de la seconde voie d’accès à la commune d’Akanda. C’est l’explication pour le moins abracadabrantesque, fournie par le ministère chargé des Transports, tentant de la justifier.

Avec des montants allant de 65596 FCFA à 32798 FCFA que l’on soit en première classe ou en classe économique pour les vols internationaux « d’une durée excédant 2 heures », et d’autres allant de 42638 FCFA par passager de première classe à 26239 FCFA  en classe économique pour ce qui est des vols internationaux « d’une durée inférieure à deux heures », la « redevance passager » instaurée récemment par l’exécutif n’a pas fini de susciter le débat. Il faut dire qu’entre timing innopportun et utilisation discutable, cette redevance intrigue.

En effet, destiné selon le gouvernement au financement du projet d’aménagement de l’aéroport de Libreville et surtout, au financement de la seconde voie d’accès à la commune d’Akanda alors même que la Redevance d’Usure de la Route (RUR) prélevée pour la seule année 2018 à hauteur de 5,546 milliards de FCFA, n’a jusque-là pas été en mesure de jouer son rôle, cette (nouvelle) taxe peine à convaincre. Aussi bien dans le fond que dans la forme, elle n’offre que trop peu de garanties aux consommateurs.

Il faut dire qu’au regard des difficultés inhérentes à la fois à la gouvernance et à la gestion des finances publiques, mais également à celles liées à l’efficience d’institutions publiques gangrenées par « une corruption endémique », cette « redevance passager » ressemble bien plus à un nouveau « gouffre à sous », qu’à un objet de financement de projets. Tant et si bien qu’elle alimente aujourd’hui, les théories les moins glorieuses, pour un gouvernement qui, on le sait, est en quête perpétuelle de financements.


Entraînant inéluctablement « un renchérissement des prix des billets d’avion » comme l’a rappelé le président de l’association des transporteurs aériens du Gabon (Atag), cette « redevance passager » qui vient par ailleurs se greffer à la Taxe sur les jeux de hasard, la Taxes de formation professionnelle, la Taxe sur les ordures ménagères ou encore la Redevance audiovisuelle (Rac), d’autres taxes qui continuent de faire débat tant leur utilisation pose question, interroge donc l’opinion. Assumée par des passagers qui ont déjà vu leur pouvoir d’achat diminuer en raison d’une crise aux effets dévastateurs, elle devra donc être repensée. Au moins, par principe de transparence et d’équité.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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