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Gabon: avec les arrivées de Carrefour et Intermarché, le secteur agricole doit-il craindre le pire?

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Si les récentes arrivées des enseignes françaises de grande distribution  Intermarché et Carrefour, peuvent laisser entrevoir un développement tous azimuts du secteur agro industriel gabonais notamment sur le plan économique, dans une autre mesure elles peuvent également sonner le glas du poussif développement du secteur agricole. Et pour cause, au regard du peu d’intérêt et d’investissements des opérateurs déjà présents sur le territoire, nul doute que la venue sur le marché gabonais de ces opérateurs français, pourrait anéantir les velléités de développement de cette chaîne de valeur au niveau national.

Bien que disposant d’un potentiel important au regard notamment de ses atouts naturels, l’agriculture au Gabon demeure encore un secteur marginal ne contribuant que très peu à la création de richesses. Ainsi, en dépit des quelques velléités de développement de ce secteur portées par l’exécutif à travers des initiatives comme le GRAINE (Gabonaise des réalisations Agricoles et des Initiatives des nationaux Engagés) ou le « Plan National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle » adopté en 2015, ce secteur demeure peu structuré. Et il devrait l’être encore plus avec l’arrivée d’opérateurs de la grande distribution française.

En effet, bien que soulignant l’attractivité du marché gabonais, les arrivées des enseignes françaises de grande distribution  Intermarché et Carrefour, laissent présager des jours sombres pour le développement agricole national, tant ces enseignes ont dans leur propre pays, fait montre d’une absence de volonté de soutenir le développement de coopératives « paysannes » préférant miser sur les industries. Oeuvrant entre  stratégies de concentration, stratégies d’intégration verticale, de diversification et d’internationalisation, ces enseignes en quête perpétuelle de profits, n’hésitent pas à « tuer la concurrence » aussi infime soit-elle.

Au final, alors que leurs arrivées auraient pu permettre un développement harmonisé à la fois du secteur agricole et de l’agro industrie, créant ainsi emplois et richesses pour des populations de plus en plus paupérisées, celles-ci risquent fort d’avoir l’effet inverse. Pis, avec l’ouverture du marché continental, nulle doute que ces enseignes, à l’image de celles déjà installées sur place depuis plusieurs décennies, iront s’approvisionner au Cameroun voisin, mieux pourvu dans ce secteur. Ce qui devrait augmenter le niveau déjà colossal des importations de produits alimentaires.

Avec des programmes agricoles en perpétuel changement, multipliant les échecs depuis plusieurs décennies en dépit d’une réserve importante de terres arables (5,2 millions d’hectares) et un climat propice, obligeant le pays à multiplier les importations qui culminent aujourd’hui à plus de 450 milliards de FCFA par an, difficile d’imaginer le Gabon tirer profit de ce qui aurait pu être un véritable « dividende agricole ». A noter qu’en s’installant au Gabon, Intermarché et Carrefour auront la latitude de repositionner la France comme principal partenaire à l’importation.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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