Unique Ministre d’Etat d’Ali Bongo Ondimba dans le gouvernement Nkoghe Bekale II, détenteur du double portefeuille de Ministre de l’Intérieur et de la Justice, Garde des Sceaux, Edgard Anicet Mboumbou Miyakou est sans conteste l’homme fort et providentiel de l’actuel gouvernement. Une ascension et un statut paradoxaux, pour un ancien frondeur, membre du mouvement Héritage et Modernité, devenu tout-puissant ministre de la galaxie PDG/AJEV.
« La transhumance est la face hideuse de la politique en Afrique ». Cette constatation d’Aissa Tall Sall pourrait parfaitement s’arrimer avec la trajectoire prise par le fils de l’ancien tout aussi puissant Ministre de l’Intérieur Antoine Depadoue Mboumbou Miyakou, tant le premier cité a réussi à gravir les échelons dans l’administration Ali Bongo Ondimba à des postes, d’ordinaire inaccessibles à des persifleurs et contestataires.
Frondeur silencieux ou opportuniste ?
Contestataire, oui, il l’était en 2016, quand avec un groupe d’anciens membres du Parti démocratique gabonais (PDG), il a claqué la porte du PDG dit traditionnel, s’éloignant d’un parti au sein duquel ses amis et lui ne se reconnaissaient plus en termes de valeurs mais revendiquant leur part d’héritage, car selon Michel Menga m’Essone, avant qu’il ne nie et se dédise dans son engagement en allant avec armes et bagages du côté qu’il avait pourtant répudié : « Le PDG n’est pas un patrimoine familial. Parce que nous avons tous cotisé pour ce parti. C’est pourquoi, devant le déni de démocratie, devant les injustices et les procès d’intention, nous avons décidé de créer (PDG, HERITAGE ET MODERNITE) ».
Ce jour, à la résidence des Chambrier à Ossengue, Edgard Anicet Mboumbou Miyakou partageait certainement le même avis, le même entrain et la même idéologie que Michel Menga M’Essone, Alexandre Barro Chambrier, Michel Boumi, Vincent Ella Menie pour ne citer que ceux-là. Garants du Bongoisme originel et exigeant plus de démocratie, ils vont ensemble, aux côtés de Jean Ping, battre campagne contre Ali Bongo en août 2016. Bien que nous ne pouvions, avec exactitude, évaluer l’implication et l’apport du député de la Haute-Banio, il n’en demeure pas moins qu’il partageait les idéaux de ceux qu’on appelait les frondeurs, rénovateurs et contestataires du régime d’Ali Bongo Ondimba.
Silencieux et discret, l’ancien ministre délégué au Budget va au lendemain de l’élection 2016 remportée par Ali Bongo Ondimba, transhumer d’une façon particulièrement exceptionnelle.
Un Revirement à 180° et une ascension fulgurante
Le lendemain de la présidentielle sonne le glas de l’implosion du mouvement qui a suscité tant d’espoir pour les nostalgiques du PDG version Ya Omar Bongo « Muana Ondimba dans la joie ». Il voit l’entrée au gouvernement de Michel Menga M’Essone, membre fondateur ou encore Alexis Boutamba Mbina, laquelle consacre le reniement de la prétendue volonté de changement et confirme par ailleurs l’idée selon laquelle, « la cupidité est le moteur principal de l’activité politique ». Dans le même sillage, l’enfant prodigue, le fils de son père fait lui aussi en toute discrétion, son entrée dans le gouvernement. Le 9 janvier 2017 comme ministre délégué au Budget, puis comme ministre délégué aux Travaux Publics en septembre dans le gouvernement Issozet Ngondet.
La suite s’écrit en lettres capitales. A la faveur du gouvernement Nkoghe Bekale initié au sortir des élections législatives, il est parachuté ministre d’Etat, ministre de la Justice et des Droits Humains, Garde des Sceaux. Quelques mois plus tard, il va cumuler avec la Justice, le portefeuille stratégique de l’Intérieur, une belle carte estampillée du statut d’unique ministre d’Etat. Une première au Gabon, preuve d’une confiance inestimable et de l’importance inaccoutumée que l’administration porte à cet homme politique qui a montré, comme plusieurs de ses comparses que la fraternité militante est beaucoup moins valorisante que l’individualisme carriériste.