Pris dans la tourmente depuis de nombreuses années déjà, le football gabonais vit ses heures les plus sombres. Résultats décevants, ingérence des autorités, fédération inexistante, incohérence dans les choix des sélectionneurs, manque de volonté des joueurs, organisation défaillante…nous avons tenté de déceler les principaux maux qui minent le football gabonais.
Un championnat national à l’arrêt
Cela va s’en dire, on ne peut évoquer les difficultés de la sélection nationale en éludant les problèmes liés au championnat national. Longtemps considéré comme un championnat amateur (de 1968 à 2012), le « National Foot 1 », organisé par la Ligue national de football professionnel (Linaf), et qui regroupe 14 équipes depuis plus de 10 ans, a toujours connu des failles dans son organisation puis, son déroulement. Arrêts intempestifs injustifiés, manque de financement, organisations calamiteuses, dirigeants véreux, c’est tout un groupuscule aux pratiques mafieuses qui freine son l’ascension du football gabonais.
Si les pouvoirs publics, en 2012, ont tenté à partir de le professionnaliser, ces derniers n’ont pas tenu compte de plusieurs facteurs, parmis lesquels l’aspect structurel et la formation, véritable leviers devant permettre l’émulation du football gabonais. En effet, la plupart des équipes engagées dans le National 1 sont dotées d’installations vétustes pour celles qui en ont, et un tel environnement ne concourt pas à l’amélioration des conditions de notre football, bien au au contraire, il creusent le fossé avec le championnat gabonais ceux des autres pays africains.
Une Fédération gabonaise de football incompétente
Parler de la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) aujourd’hui, c’est souligner d’énormes manques en interne, comme en témoigne l’imbroglio autour de l’élection de Pierre Alain Mounguengui. Créée en 1962, affiliée à la Fédération internationale de football association (Fifa) depuis 1963 et membre de la Confédération africaine de football (Caf) depuis 1986, la Fegafoot est au fil des années devenue le principal handicap du football gabonais tant son apport se révèle être nocif pour ce même football dont elle sensée assurer la pérennité, le développement et le succès.
Ayant pour mission, d’organiser, développer et contrôler l’enseignement et la pratique du football sous toutes ses formes, la Fegafoot a aujourd’hui limité son apport et son rôle au suivi des Panthères du Gabon avec le succès que l’on connaît. Délaissant la gestion et le suivi du football à proprement dit, lequel est aujourd’hui centré sur son omni-président. Résultat, les clubs amateurs et professionnels sont délaissés, et c’est au final, tout le football qui en pâtit.
L’ingérence des pouvoirs publics
« Le succès ne s’achète pas, il se construit… », c’est là un adage populaire qui résume bien l’opposé de la pensée des pouvoirs publics. En investissant des dizaines de milliards de Fcfa dans la construction de stades de foot flambants neufs, dans l’organisation d’événements continentaux, les autorités gabonaises espéraient sûrement que le football gabonais prenne son envol en oubliant les fondamentaux
Or, il n’y avait au préalable aucune répartition des rôles, résultat des courses c’est toute l’organisation et toute la structure qui s’effondre comme un jeu de cartes. Les sélectionneurs sont selon certaines sources, nommés par « le palais du bord de mer » dont les locataires n’ont aucune compétence en matière de football. Ces derniers s’illustrent plus par la débauche des entraîneurs aux noms ronflants payés à prix d’or pour au finale des résultats décevants. En témoigne la dernière expérience de Camacho sur le banc des Panthères avec les résultats minables que l’on connaît tous. Résultats, une équipe sans âme, sans leaders, sans envie et par dessus tout rejetée par ses supporters. Un paradoxe, alors que la sélection connait l’une des generations plus talentueuse de son histoire.
L’absence d’implication des anciens
Toutes les équipes qui ont voulu avancer sans tenir compte de l’avis des anciens se sont heurtés à des barrières infranchissables. Aujourd’hui, force est de constater que nos anciennes gloires ne font pas partis de l’organigramme de notre football, pire ils ne sont presque jamais officiellement invités à participer activement aux événements liés au football.
De Paul Kessany à Théodore Zue Nguema en passant par Moubamba Cedric ou encore Mbanangoye Zita…tous ces joueurs qui ont fait les beaux jours de notre “Azingo puis Panthères” sont aujourd’hui aux oubliettes, alors même que sous d’autres cieux, le flambeau est repris par des anciens de la sélection. Le cas du Sénégal qui a participé à la dernière coupe du monde en impliquant au maximum leurs anciens doit interpeller nos autorités sur la nécessité pour notre football, de profiter de l’expertise de ceux qui jadis, ont fièrement représenté le Drapeau gabonais.
En définitive, la liste des maux qui gangrènent le football gabonais est très longue, si pour d’aucuns couper la tête de Manitas constitue un début de solutions, pour le reste des observateurs du football gabonais, le mal est plus profond. Il est donc impératif, d’ériger un modèle de gestion sur des bases saines, responsables et patriotiques au risque de sombrer et de conduire, lentement, mais inexorablement, notre football dans sa perdition et ce sur plusieurs générations.