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Durlon Abiaga: «Russie versus Ukraine, une opportunité pour l’Afrique»  

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Le blé et les autres céréales sont de nouveau au cœur de la géopolitique après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les deux pays jouant un rôle majeur sur le marché agricole mondial, les dirigeants et  décideurs africains doivent rester attentifs. Les échanges agricoles entre les pays du continent et la Russie et l’Ukraine sont importants. Les pays africains ont importé des produits agricoles d’une valeur  de plus de 4 milliards de dollars en 2020, provenant de Russie.  

Les principaux pays importateurs sont certes l’Égypte, qui représentait près de la moitié des  importations, suivie du Soudan, du Nigeria, de la Tanzanie, de l’Algérie, du Kenya et de l’Afrique du  Sud. Mais tout le continent demeure concerné par les productions agricoles venant de Russie. De  même, l’Ukraine a exporté pour 2,9 milliards de dollars de produits agricoles vers le continent  africain en 2020. La Russie et l’Ukraine sont donc des acteurs de premier plan sur le marché mondial  des matières premières. La Russie fournit environ 10% du blé mondial, tandis que l’Ukraine en  produit 4%.  

La Russie et l’Ukraine sont également des acteurs clés dans le secteur du maïs, avec une production  combinée de 4%. Cependant, en ce qui concerne les exportations, la contribution de l’Ukraine et de  la Russie est bien plus importante, avec 14% des exportations mondiales de maïs en 2020 et 40% des  exportations mondiales d’huile de tournesol venant de l’Ukraine et 18% de la Russie. La Russie est  également l’un des premiers fournisseurs de produits fermiers et le leader mondial de l’exportation  des ingrédients des engrais.  

Nous comprenons donc bien la panique provoquée par l’action militaire de la Russie chez la majorité  des analystes qui d’ailleurs craignent que l’intensification du conflit ne perturbe durablement les  échanges commerciaux et entraînent de graves répercussions sur la stabilité alimentaire mondiale.  

Nous partageons ces préoccupations de montée excessive des prix des céréales et des oléagineux  dans le monde dû à l’interruption des échanges commerciaux du reste du monde avec la Russie et  dans une autre mesure avec l’Ukraine en raison de l’invasion. D’ailleurs une augmentation des prix  des matières premières était déjà visible juste quelques jours seulement après le début du conflit.  

Les africains ont ressentis immédiatement les répercussions dévastatrices de l’invasion de l’Ukraine  par la Russie. Cette guerre aura un impact durable sur l’économie du continent, en particulier à cause de l’augmentation du prix des céréales, des engrais et du carburant. Les experts déclarent que les  prix des aliments continueront à augmenter significativement, sans compter , les coûts du transport  et du carburant qui demeureront hauts.  

Les pays africains ont importé plus de 4 milliards de dollars de produits agricoles de la Russie en  2020, c’est beaucoup !Et quand bien même quelques agriculteurs africains profiteront t de la hausse  des prix des produits agricoles ; il est certain que l’Afrique dans sa globalité subira durement les  conséquences de cette perturbation mondiale. En effet, l’Afrique est majoritairement  consommatrice plutôt que productrice des denrées agricoles, idem pour le Moyen-Orient et une  partie de l’Asie. En miroir, les grands exportateurs de blé, comme le Canada, l’Australie et les États Unis, devraient bénéficier d’une hausse de la demande à court terme.  

Fort de ce constat, nous pensons que la conjoncture actuelle doit se transformer en une  opportunité pour l’ensemble de l’Afrique, en particulier pour l’Afrique Centrale qui détient encore  un fort potentiel de terre cultivable. Seules 2 à 10% des terres arables sont exploitées et souvent  c’est fait de manière rudimentaire. 

Il est probablement temps pour les pays du Golfe de Guinée bénéficiant de la rente pétrolière dont le  prix du baril restera haut durant cette année, de consacrer l’essentiel de leurs plans de  développement au secteur agricole pour la production des denrées de base afin de pallier la  dépendance étrangère.  

C’est dans cette optique que la Banque Africaine de Développement (BAD) a levé Un milliard de  dollars, afin d’augmenter rapidement les surfaces cultivées et compenser en partie les pertes des  récoltes Russo -Ukrainiennes.  

Cette enveloppe va probablement permettre de soutenir la production locale déjà engagée au  travers l’aide directe de 40 millions d’agriculteurs. Elle permettre également d’initier le  développement du secteur en favorisant l’utilisation des technologies modernes et la mécanisation  agricole, afin d’augmenter la production de variétés de blé tolérantes au climat africain (tropicale et  humide).  

L’enjeu doit être considéré comme majeur, aux vu des chamboulements dans le monde : Sortie des  crise COVID et guerre en Ukraine qui ont bouleversé les chaines de productions et de distributions  mondiales.  

Atlantique Développement se tiens prêt au côté de l’Afrique pour apporter son expertise et son  soutien en équipement. Notre ambition est d’accompagner l’ensemble du secteur agricole africain à  se développer immédiatement et de façon durable. En effet, l’Afrique dispose d’un fort potentiel : à  savoir la jeunesse de la population qui est prête à entreprendre et la disponibilité de la ressource  foncière.  

Durlon ABIAGA  

Citoyen Gabonais

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