Ce lundi 27 février 2017, Bruno Ben Moubamba, Vice-premier Ministre en charge de l’habitat, a fait une nouvelle déclaration qui fera encore couler beaucoup d’ancres et de salives.
«Si on essaie de marginaliser le n°3 des dernières présidentielles au Dialogue National tout le système de l’opposition sera fragilisé et on peut compter sur moi pour ce genre de désordre.» En 2009, en tant qu’indépendant, il n’avait obtenu que 963 voix soit 0,28% des suffrages exprimés. On comprend mieux pourquoi il est si fier de son score de 2016. En effet, toujours en tant qu’indépendant, ce dernier a obtenu 1896 voix, soit 0,53%. Quand on sait que dans des établissements scolaires de Libreville, des coopératives sont élues avec plus de voix, ce dernier n’a vraiment pas de quoi s’enorgueillir.
Quand Bruno Ben Moubamba parle du désordre, il sait vraiment de quoi il parle. Depuis son apparition dans la sphère politique gabonaise après sa célèbre «grève de la faim», le no 3 de la dernière présidentielle est passé de l’Union nationale (UN) à Alliance pour le changement et le renouveau (ACR), en passant par l’Union du peuple gabonais (UPG), preuve de son instabilité politique. À l’UN, parti dont il est membre fondateur, il n’a pas laissé un bon souvenir. Son passage à l’UPG a emmené des scissions au sein de ce parti si cher au défunt Pierre Mamboundou.
Aujourd’hui, dans la majorité présidentielle, il ne cesse de briller par des déclarations incendiaires mettant à mal l’harmonie au sein de l’équipe gouvernementale dont il fait partie, au point même que, le président de la République, lors du Conseil des ministres du 27 février dernier a attiré l’attention des membres du gouvernement : «les membres du Gouvernement (doivent) bannir les comportements rétrogrades et antipatriotiques qui ont fait tant de mal à notre pays. En effet, les Ministres n’ont pas vocation à exprimer des opinions personnelles sur l’action du Gouvernement, ni à avoir des états d’âme. Ils doivent au contraire mobiliser toute leur énergie à faire réussir l’action gouvernementale qui est, avant toute chose, une action collective, pour le bien du peuple gabonais»
Pour le Vice-premier ministre, «Pas d’union de l’opposition à tout prix ! J’ai déjà donné en 2016 avec le « fameux candidat unique de l’opposition ». Je ne suis pas dans cette logique car je ne suis redevable de personne.» On se demanderait ce qu’il a donné, dans la mesure où il ne s’est pas rallié à la candidature unique de l’opposition pour faire cavalier seul, après avoir lui-même appelé cette union de tous ces vœux. Là encore, voici une preuve de son incohérence et de son instabilité politique.
Une chose est sûre, un réel dialogue national inclusif ne saurait se faire sans la présence de Jean Ping, principal protagoniste d’Ali Bongo, arrivé en deuxième position avec 172 128 voix, soit 48,23 % des suffrages. Celui-ci constitue un sérieux contrepoids vis-à-vis du pouvoir, contrairement à Bruno Ben Moubamba, qui devrait plutôt faire profil bas.