Pour peu qu’un rassemblement soit envisagé par la société civile ou l’opposition, les forces de sécurité et de défense mobilisent toute l’artillerie anti-émeute pour disperser les manifestants.
Jeudi dernier, sur le forum Infos Kinguelé, forum le plus populaire du Gabon, des internautes ont fait courir la rumeur d’un rassemblement pacifique à la Place de Tolérance au carrefour Rio, le vendredi 30 septembre.
Aux premières heures de la journée, un important dispositif policier s’y trouvait déjà comme s’il y avait une menace imminente.
Sur cette simple rumeur, les contrôles de sécurité se sont multipliés, à la fois sur les personnes véhicules que sur les passants. Des militaires étaient positionnés dans des chars de maintien de l’ordre au niveau de l’échangeur du PK 5 et des policiers encagoulés devant l’ancienne ambassade des Etats unis à Rio.
Questionnés, les commerçantes du marché du PK 5 répondent pour la plupart ne rien savoir de ce qui justifie cette forte présence policière et militaire.
Toute chose qui nous emmène à nous interroger sur la légitimité de cette répression systématique des manifestations de l’opposition. A cette interrogation, un juriste, nous apporte son éclaircissement, affirmant : « les libertés de réunion, d’opinion et de manifestation sont constitutionnellement reconnues au Gabon. D’ailleurs la Loi 48/60 du 8 juin 1960 consacre un principe de déclaration préalable. C’est à dire que vous écrivez au Maire pour lui dire que vous allez occuper l’espace public. A lui de mettre à votre disposition la force publique, non pas pour vous mater mais pour encadrer les débordements. Sauf qu’ici, les débordements pouvant troubler l’ordre public sont irréfragablement présumés pour les manifestants opposants et lorsqu’il s’agit des manifestants de la majorité, comme par enchantement tout se passe bien. »
Une précision qui vaut son pesant d’or, car s’il est vrai que face à tout rassemblements les forces de l’ordre sont légitimement appelés à se mobiliser afin de prévenir tout débordement, il n’en demeure pas moins que la répression systématique des manifestations de l’opposition constitue une privation des libertés à la fois individuelles et collectives.